Je dirais que même la science produit de la poésie. Elles a déchiré aujourd'hui le voile d'un univers terriblement mécanique et monotone, qui était un univers purement ordonné, obéissant à des lois qui se répétaient sans cesse. Un univers qui commence par un coup de tonnerre, par un éclair fulgurant, c'est beaucoup plus beau que la Genèse. (..) Je trouve que l'histoire de l'univers est redevenue totalement fabuleuse, avec cette vertu d'être poétique, c'est-à-dire que la création y est mêlée à nouveau à son contraire, la destruction.
Que répondre à un homme qui vous dit qu'il aime mieux obéir à Dieu qu'aux hommes et qui, en conséquence, est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant ?
Où se situe l’amour dans ce schéma ? Décrire l’amour comme la dépendance du système nerveux à l’égard de l’action gratifiante réalisée grâce à la présence d’un autre être dans notre espace, est sans doute objectivement vrai. Inversement, la haine ne prend-elle pas se naissance quand l’autre cesse de nous gratifier, ou que l’on s’empare de l’objet de nos désirs, ou que l’on s’insinue dans notre espace gratifiant et que d’autres se gratifient avec l’être ou l’objet de notre gratification antérieure ?
Tous les acteurs et témoins de la crucifixion ou bien sont déjà hostiles à Jésus, ou bien ils le deviennent en vertu du mimétisme qui n’en épargne aucun.
Le monde des intellectuels, qui devrait être le plus compréhensif, est un monde gangrené par l'incompréhension, par l'hypertrophie de l'ego, le besoin de consécration, et la soif de gloire.
C'est l'inconscience de nos déterminismes qui nous fait croire à notre conscience comme à notre liberté. Le terme de conscience devrait sans doute être réservé à la conscience de notre inconscience, à la conscience du fait que nous sommes entièrement enchaînés à notre substratum biologique et à notre environnement social.
Soucieuse de conserver l’approbation de masses laborieuses encore indispensables à la production expansionniste, la société industrielle organise les loisirs, que les masses ingurgitent au commandement, et qui constituent eux-mêmes une nouvelle source de profit, donc de maintien des dominances, tout en détournant l’attention de ces masses des problèmes existentiels fondamentaux. Voilà de quoi est faite la vie quotidienne de millions d’hommes : travail, famille… et loisirs organisés. Bien sûr, personne n’empêche personne de « sublimer » sa vie, de rechercher la « transcendance », d’absorber la culture en place et d’y trouver des compensations à l’absurdité de sa vie quotidienne.
... la culture, en tant que système génératif, constitue un quasi-code culturel, c'est-à-dire une sorte d'équivalent sociologique de ce qu'est le code génétique pour les êtres vivants.