C'est toujours par autrui que passe mon désir, et que mon désir reçoit un objet. Je ne désire rien qui ne soit vu, pensé, possédé par un autrui possible.
L'amour. Avec ce mot on explique tout, on pardonne tout, on valide tout, parce que l'on ne cherche jamais à savoir ce qu'il contient. C'est le mot de passe qui permet d'ouvrir les cœurs, les sexes, les sacristies et les communautés humaines. Il couvre d'un voile prétendument désintéressé, voire transcendant, la recherche de la dominance et le prétendu instinct de propriété. C'est un mot qui ment à longueur de journée et ce mensonge est accepté, la larme à l’œil, sans discussion, par tous les hommes. Il fournit une tunique honorable à l'assassin, à la mère de famille, au prêtre, aux militaires, aux bourreaux, aux inquisiteurs, aux hommes politiques. Celui qui oserait le mettre à nu, le dépouiller jusqu'à son slip des préjugés qui le recouvrent, n'est pas considéré comme lucide, mais comme cynique. Il donne bonne conscience, sans gros efforts, ni gros risques, à tout l'inconscient biologique. Il déculpabilise, car pour que les groupes sociaux survivent, c'est à dire maintiennent leurs structures hiérarchiques, les règles de la dominance, il faut que les motivations profondes de tous les actes humains soient ignorés. Leur connaissance, leur mise à nu, conduirait à la révolte des dominés, à la contestation des structures hiérarchiques. Le mot d'amour se trouve là pour motiver la soumission, pour transfigurer le principe du plaisir, l'assouvissement de la dominance. Je voudrais essayer de découvrir ce qu'il peut y avoir derrière ce mot dangereux, ce qu'il se cache sous son apparence mielleuse, les raisons millénaires de sa fortune.
Je sens présente en moi l'humanité dont je fais partie. Non seulement, je suis une une petite partie dans le tout, mais le tout est à l'intérieur de moi-même. C'est peut-être cela qui me donne l'énergie de continuer sur la voie qui est la mienne. Et à un moment donné, sans que vous ne sachiez pourquoi, c'est comme une catalyse, quelque chose qui se passe, se transforme, bascule... C'est cela l'espoir.
Les hommes ont crée des dieux, ils sont nés de nos esprits, et pourtant, à peine nés, nous les supplions, nous les adorons, nous leur léchons le cul et nous tuons s'ils nous demandent de tuer. C'est ça l'humanité ! C'est une chose bizarre.
Comme on le sait, le dernier continent inconnu à l'homme est l'homme, et le centre de ce continent, le cerveau, nous est non seulement inconnu, mais encore incompréhensible.
Même si je voulais me connaître totalement, je sais en vertu du principe de Tarsky selon lequel aucun système ne peut donner de lui-même une explication exhaustive, qu'il y a une part d'inexplicable de moi-même à moi-même.
Etre aimé par qui l'on aime est une grande chance; être aimé par qui l'on n'aime pas, est un ennui; ne pas être aimé par qui l'on aime est une disgrâce; ne pas aimer et ne pas être aimé, une situation à risque.
Quoi qu'en pensent certains révolutionnaires, le désir est dans son essence révolutionnaire -- le désir, pas la fête ! -- et aucune société ne peut supporter une position de désir vrai sans que ses structures d'exploitation, d'asservissement et de hiérarchie ne soient compromises.
Quels que soient la complexité et le niveau d'organisation auxquels ils se situent, quatre-vingt-dix-neuf pour cent de nos comportements sont faits de ces automatismes acquis tant dans notre vie professionnelle que familiale. Le rôle de la vie sociale est essentiellement de créer de tels automatismes. Un comportement aléatoire, imprévisible, ne permettrait pas à un individu de survivre dans un ensemble social. Exprimer cette notion, c'est donc exprimer aussi celle que la vie sociale a tendance à rechercher l'inconscience généralisée des individus, à favoriser leur comportement réflexe.
En faisant d[‘Œdipe] le symbole de la condition humaine, Freud ne fait jamais au fond que rajeunir et universaliser l’éternel mensonge de la mythologie.
Tout développement vraiment humain signifie développement conjoint des autonomies individuelles, des participations communautaires et du sentiment d'appartenance à l'espèce humaine.
L’Homme est, on peut le supposer, le seul animal qui sache qu’il doit mourir. Ses luttes journalières compétitives, sa recherche du bien-être à travers l’ascension hiérarchique, son travail machinal accablant, lui laissent peu de temps pour penser à la mort, à sa mort. C’est dommage, car l’angoisse qui en résulte est sans doute la motivation la plus puissante à la créativité. Celle-ci n’est-elle pas en effet une recherche de la compréhension, du pourquoi et du comment du monde, et chaque découverte ne nous permet-elle pas d’arracher un lambeau au linceul de la mort ? N’est-ce pas ainsi que l’on peut comprendre qu’en son absence celui qui « gagne » sa vie la perd ?
Dans le contexte où l’amour est utilisé on peut aussi bien choisir celui de la haine. Il y a autant d’amour dans la haine qu’il y a de haine dans l’amour.